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Transhumance politique : De l’homme……… à l’animal

Transhumance politique : De l’homme……… à l’animal

8 juin 2018 0 Par Jean Claude Deli

 Empruntée au vocabulaire pastoral, la transhumance désigne la migration périodique des troupeaux à la recherche d’espaces plus favorables à leur sustentation et à leur épanouissement. Transposée à la vie politique, elle renvoie à l’attitude de l’homme politique qui migre d’un parti politique auquel il appartient au moment de sa création vers un autre parti, pour des intérêts personnels. La transhumance instrumentalise les hommes ou femmes politiques en quête de prébendes, de promotion politique, voire de parapluie pour les prédateurs de biens publics…  

 

                                                                                                      Laurent Dona Fologo, Blon Blaise, Henriette Lagou, Adjoumani Kouassi, Patrick Achi, AhoussouJeannot, Affi N’Guessan etc… Pour ne citer que ceux là. Ces personnes singulières qui abandonnent leur formation pour rallier le parti adverse au pouvoir, surtout trahissent donc leur cause, leur mission.  Et en langage militaire, on pourrait les comparer à des «déserteurs passibles du poteau d’exécution en temps de guerre». D’ailleurs, n’est-ce pas trop demander à un «animal» politique qui prétend que la morale n’a rien à voir avec ce qui les concerne. Ces politiciens dévoilent la politique dans son cynisme, ses procédés, ils sont plutôt guidés par leur moralité ou immoralité. Certes, la politique n’est pas la morale, mais elle a une morale. Elle ne doit pas être envisagée en dehors de l’éthique de responsabilités. Pour les plus machiavéliques, la transhumance politique n’a rien de répréhensible au regard des règles qui gouvernent la vie démocratique. Elle serait la manifestation de la liberté reconnue à chaque citoyen, de créer un parti, d’adhérer à un parti ou de le quitter. Mais tout le monde sait qu’elle pose, malgré tout, des problèmes d’ordre éthique, moral et juridique. Le Président Laurent Gbagbo est l’expression d’un homme politique bien éduqué.

un véritable transhumant politique

Lorsqu’il était dans l’opposition sous le Président Houphouët-Boigny qu’elle proposition le « Vieux « ne lui a pas été proposée, mais il est resté digne. Elle constitue ainsi un fléau pour la démocratie dans la mesure où c’est une pratique qui cherche aussi à affaiblir les oppositions en livrant leurs principaux animateurs à la majorité du pouvoir. Du coup, les bergers politiques préposés aux débauchages (Pit, Udpci, MFA Fpi Version Affi…) rompent les équilibres et fragilisent les contrepoids nécessaires à la démocratie.

Les transhumants sont balancés entre reniements et revirements. Ils sont, pour ainsi dire, condamnés à l’errance, aux convoyages qui en font des nomades politiques. Ces transhumants sont téléguidés, dans leur marche infatigable et déshumanisante, par des logiques clientélistes secrétées par un système politique fondé je sèche mes habits où le soleil brille. Comment comprendre que la gauche peut vouloir faire une coalition avec la droite vis versa. Dans les grandes démocraties du monde France, Angleterre, Allemagne USA…l’on ne verra jamais cette gymnastique politique, car ils n’ont pas la même doctrine politique.

Elle vient de passer de l’opposition au Rhdp

La transhumance est surtout la conséquence très éloquente de l’inexistence dans notre pays de partis politiques dignes du nom, jouant pleinement et sérieusement le rôle que leur assigne la Constitution à savoir : « les partis politiques concourent à l’expression du suffrage », mieux, « les partis politiques concourent à la formation et à l’expression de la volonté politique » (cf. article 21 de la loi fondamentale de la République Fédérale d’Allemagne). Un parti politique a pour rôle principal de former l’opinion et ses militants par un encadrement doctrinal et idéologique. C’est grâce à cette formation assurée par le parti que seront connues les idées, le programme dont se réclame tel ou tel candidat qui sollicite de ce parti son investiture à une charge politique. C’est donc par la formation qu’il assure à ses membres qu’un parti en fait des militants fidèles à la cause commune et pétris d’une éthique qui leur interdit tout vagabondage, toute errance.

Adjoumani à droite chargé de mélanger le Pdci

Mais ne lâchons pas la proie pour l’ombre. Il n’est qu’une toute petite manifestation de la déliquescence des valeurs qui constituaient le ciment de notre société. La perte des valeurs éthiques et démocratiques au sein de la classe politique ivoirienne fait que la transhumance politique demeure un véritable goulot d’étranglement à l’évolution de notre jeune démocratie. Et cela portera gravement atteinte à l’image de notre démocratie.

Les soi-disant retrouvailles entre ennemis d’hier et amis d’aujourd’hui sont une preuve que la crise des valeurs profonde dans notre pays. La recherche du pouvoir et de la place a malheureusement pris le dessus sur les principes et les idéologies qui doivent fondés le caractère éthique de nos hommes politiques. Mais  Joseph de Maistre avait raison de dire que « toute nation a le gouvernement qu’il mérite  ».  Quelle honte ! Il faudrait qu’ils comprennent qu’en politique, la victoire ne vient pas par la masse, mais de l’effort des fidèles.                                                                                   G.P