Côte d’Ivoire : Ministère de l’éducation nationale de la Formation Professionnel et de l’Enseignement Technique, après l’emprisonnement de 4 professeurs, le ministère renforce le dispositif sécuritaire pour les autres examens scolaires
27 juin 2019C’est ce jeudi 27 juin 2019 que l’Inspecteur Général M. Kourouma a tenu un point de presse pour faire le bilan des enseignants incarcérés après la fraude au Bepc et laisser les directives pour le renforcement du dispositif sécuritaire des examens à venir..
POINT PRESSE RELATIF AUX FRAUDES : CAS DU BEPC SESSION 2019
Intervention
de M. KOUROUMA Ibrahima
Inspecteur Général, Coordonnateur Général de l’Inspection Générale
CONTEXTE
Les actes de fraude enregistrés aux différentes sessions des examens à grand tirage, constituent une préoccupation majeure pour le Ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle.
Cette situation est favorisée par le mauvais usage des outils de communication, notamment le téléphone portable et autres supports numériques.
Au regard de cet état de faits, Madame la Ministre de l’Education Nationale de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle a renforcé le dispositif de lutte contre la fraude à travers des initiatives vigoureuses, dont l’arrêté N°0074/MENET-FP/DECO du 06 avril 2018 portant interdiction de support de communication numérique dans les centres pendant les examens et concours relevant du Ministère de l’Education Nationale de l’Enseignement Technique et de la Formation Professionnelle.
Ce texte vient consolider l’arrêté interministériel n°0062/MEN/MESRS/METFP/MCF/MFPRA du 26 juillet 2011, modifiant l’arrêté interministériel n°0047/MEN/MESRS/MEFP du 20 juin 1995 relatif aux sanctions en cas de fraude commise par les candidats et acteurs et portant régime des réclamations aux concours et examens organisés par le Ministère de l’Education Nationale.
Au cours de la cérémonie de lancement de la session 2019, Madame la Ministre a rappelé fermement à tous les acteurs, la nécessité de développer un comportement éthique afin que l’équité, la justice et la qualité caractérisent les examens scolaires.
En dépit des conseils régulièrement prodigués, des mises en garde formulées et des sanctions prises, la tendance à la tricherie demeure persistante.
C’est pourquoi le ministère déploie chaque année, sur toute l’étendue du territoire, des équipes de supervision pour veiller au bon déroulement des examens.
LES FAITS
Les missions de supervision à l’examen du BEPC de la session 2019 ont permis d’appréhender un certain nombre de fraudeurs tant au niveau des candidats, des enseignants que de tiers qui, en réseau ou de manière isolée, ont contrevenu aux prescriptions en vigueur.
C’est le cas à Abengourou, à Gagnoa, à Divo, à Guitry, à Bouaflé, à Bonon et à Zuénoula où des enseignants, au mépris de la déontologie de leur métier, de la décence et du bon sens, ont transmis à certains candidats au moyen de leurs téléphones portables, des corrigés des épreuves.
Pour être plus précis, je peux vous citer quelques détails factuels :
A Abengourou, il s’agit de sept (7) enseignants dont six (6) ont été appréhendés.
Quatre (4) ont été jugés et condamnés le mercredi 26 juin 2019, c’est-à-dire, hier, à une peine d’emprisonnement ferme de douze (12) mois, avec une amende de trois cents mille (300.000) francs CFA à payer solidairement.
Deux (2) ont été relaxés pour délit non constitué.
Un (1), Monsieur GOLY Olivier, professeur d’EPS dans un établissement privé de la ville, est en fuite et activement recherché.
Ceux qui ont écopé d’une peine de prison sont les suivants :
Nom et prénoms Matricule Emploi Discipline
AKA Elichamant 378 729 W Prof de Collège EPS
KOUAME kouamé Claude 335 593 L Prof de Col. Angl
KOUAME Thierry Maxime 430 079 F Prof de Collège SVT-PC
KRA Koffi Jonas 326 712 Z Prof de lycée Math
Quant à
la candidate au centre de cette opération de fraude, elle a été condamnée à six
mois de prison ferme assortie d’une amende de trente mille (30 000) francs
CFA.
A Divo et à Guitry, quatre (4) enseignants ont été identifiés grâce aux
téléphones portables des candidats destinataires des corrigés des épreuves
qu’ils ont transmis.
A ce niveau, la suite à donner aux plaintes formulées par le Ministère
permettra de prendre les mesures adaptées au degré d’implication des uns et des
autres.
Il est bon de signaler que déjà, à Guitry, Monsieur ISSOUFOU KONE, Directeur
des Etudes, introuvable après son audition par l’inspection générale du
Ministère, a été arrêté finalement hier par la Gendarmerie de Guitry.
A Gagnoa, le téléphone saisi sur l’un des candidats a révélé l’existence de
trois (3) réseaux de fraudeurs avec lesquels il a des liens, à savoir :
1 « BEPC 2 K 19 CI »
2 « Zone 2 succès au BEPC »
3 « Les futés zone 3 »
Ce candidat, arrêté puis relaxé par la police fait l’objet d’une plainte
régulièrement déposée auprès de Monsieur le Procureur de la République près le
Tribunal de première instance de Gagnoa par la Direction des Affaires
Juridiques (DAJ) du Ministère de l’Education Nationale, de l’Enseignement
Technique et de la Formation Professionnelle. Le Procureur a indiqué inscrire
le traitement de cette plainte au cœur de ses priorités.
A Bonon, deux (2) surveillants, messieurs IRIE Bi Tra Jérémie, professeur d’EPS
et YAPO Assi Pacôme, professeur de français, ont été pris par une équipe de
supervision de l’Inspection générale au moment où ils se partageaient de
l’argent soutiré à des candidats. Ils ont reconnu les faits et ont consigné
leurs aveux dans leurs dépositions.
ANALYSE DE LA SITUATION
La propension à la fraude s’explique par un goût de plus en plus prononcé pour la facilité chez certains des membres de la communauté éducative et par l’utilisation malveillante des outils de communication numérique (ex : WhatsApp).
Il est à déplorer hélas l’existence de réseaux organisés et l’implication de certains enseignants, ceux-là mêmes qui devraient servir de modèles et se positionner à l’avant-garde de la lutte contre la fraude.
Toutes choses qui vont à l’encontre du thème de l’année scolaire à savoir « Civisme et engagement de tous pour une école de qualité »
Face à la gravité de ces actes de fraude, toutes les dispositions sont prises par le Ministère de l’Education nationale en collaboration avec les autorités policières et judiciaires pour rechercher, identifier et sanctionner les acteurs concernés, comme en témoignent les exemples d’Abengourou et de Guitry.
APPELS
C’est le lieu de remercier et de féliciter les autorités administratives et judiciaires, les forces de défense et de sécurité ainsi que les acteurs des examens qui s’impliquent de façon efficace dans la lutte contre la fraude aux examens scolaires.
L’occasion est également bonne d’exhorter la majorité des enseignants qui, fort heureusement, s’inscrivent dans la dynamique de la probité, de continuer à servir avec loyauté et dignité le système éducatif.
Aux parents d’élèves nous demandons de mettre un point d’honneur dans l’encadrement de leurs enfants afin de leur éviter de poser des actes aux conséquences incalculables.
Quant aux élèves nous les encourageons à cultiver l’esprit civique, le goût de l’effort et du travail bien fait.
A toutes et à tous, nous tenons à faire savoir que le Ministère reste déterminé à lutter contre la fraude. Pour les examens à venir, fort de l’expérience tirée du BEPC session 2019, c’est avec un dispositif plus renforcé, qu’il s’investira dans ce combat contre la fraude pour la crédibilité de nos examens.
Mesdames et Messieurs,
A ce niveau, l’aide de toutes et de tous est sollicitée pour un sursaut national en vue de l’assainissement de notre système éducatif et partant, la sauvegarde de la dignité de notre pays.
Je vous remercie.Abidjan, le 27 juin 2019