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Coup d’Etat au Gabon : l’armée française débarque dans la capitale Par un braquage constitutionnel

Coup d’Etat au Gabon : l’armée française débarque dans la capitale Par un braquage constitutionnel

16 novembre 2018 0 Par Jean Claude Deli

Pierre Claver Menganga Moussavou s’empare du fauteuil présidentiel au Gabon alors qu’on attendait logiquement que la présidente du Sénat assure l’intérim. Habituée à faire des entorses à la loi fondamentale, la Cour Constitutionnelle a fabriqué un nouvel alinéa de l’article 13 pour permettre au vice-président qui n’a pas qualité, d’assurer la vacance du pouvoir et de présider le Conseil des ministres qui se tient ce vendredi 16 novembre 2018.

Toujours assigné en résidence surveillée, Jean Ping et la coalition de l’opposition pour la Nouvelle République, dénoncent un coup d’État constitutionnel. ” Pour modifier la Constitution, il faut un référendum ou que le Parlement se réunisse en congrès. La Constitution ne convient pas, alors ils la changent à leur guise. C’est un coup d’État”, hurle Jean- Gaspard  Ntoutoume Ayi de l’Union Nationale. Après les mouvements de l’armée pour quadriller Port-Gentil, ce sont les éléments de l’armée française qui ont débarqué discrètement à Libreville, alors qu’il y a déjà près de 900 soldats français permanents au Gabon. Malgré la parodie d’indépendance octroyée en 1960, la France a déployé ses soldats sur le territoire gabonais conformément aux accords de défense d’août 1960 et de 2011.

 

Le 6 ème Bataillon d’Infanterie de Marine a été fondé en 1975, et les soldats français sont encore stationnés au site du Camp portant le nom du Général Charles de Gaulle, tout proche de l’aéroport, prêts à intervenir sous prétexte de protéger les 10 000 Français installés au Gabon. La main-mise de la France sur le Gabon est sans gang. Alors que le président Léon Mba était hospitalisé à l’hôpital Claude Bichat à Paris durant deux ans, c’est la France qui avait imposé au chef d’État mourant de signer la nomination d’Omar Bongo au poste de vice-président. C’est depuis l’ambassade du Gabon à Paris, que le peuple gabonais apprenait qu’Omar Bongo Ondimba était devenu le successeur de Léon Mba. Et voilà la même tactique qui est remise à jour. Victime d’un évanouissement et admis en urgence au King Faisal Hospital qui dispose d’une antenne de neurologie de la Johns Hopkins University, avant d’être placé dans le coma artificiel léger pour permettre à l’œdème de se résorber, l’état de santé d’Ali Bongo reste flou. Les médecins, y compris son médecin français qui a fait le déplacement, attendent un réveil définitif du chef de l’Etat pour se prononcer. Pendant ce temps, le clan placé au pouvoir par la France depuis 1967, a immédiatement pris le relais pour préserver l’héritage familial. DG des services spéciaux de la Garde républicaine (GR), unité d’élite de l’armée nationale, le colonel Frédéric Bongo, demi-frère d’Ali Bongo, veille sur la sécurité du pays, les renseignements et surtout leurs intérêts. C’est l’actuel directeur de cabinet présidentiel, Brice Laccruche Alihanga, bras armé de la Première dame Sylvia Bongo qui gère les affaires politiques et financières avec le premier ministre, Emmanuel Issoze Ngondet.

Comme en août 2009, suite à la mort de son amant le président Omar Bongo, Marie-Madeleine Mborantsuo, la présidente de la Cour constitutionnelle, vient encore de tourner l’article 13 de la constitution dans sa sauce de magouilles politicardes illégales pour confier des prérogatives exceptionnelles de président par intérim au vice-président. L’armée est prête à écraser le peuple qui est appelé à manifester contre ce coup d’État constitutionnel en mondovision.

 Par J. RÉMY NGONO